Une conférence scientifique internationale sur les pandémies coorganisée par le CSM 

Une conférence scientifique internationale de très haut niveau s’est tenue du 19 au 21 octobre au Novotel Monte-Carlo. Son objet : « La préparation à la lutte contre les pandémies en Europe » après la crise de la Covid-19. Organisée par le Centre Scientifique de Monaco (CSM), et le Global Virus Network (GVN), elle a accueilli des personnalités médicales du monde entier, des responsables de l’OMS ainsi que le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée 1er

Le Global Virus Network est un réseau mondial de virologues, comptant 40 centres dans le monde. Ses membres sont des scientifiques venant de tous les continents (États-Unis, Europe, Asie, Afrique, Amérique du Sud et Australie), qui se sont réunis cette année à Monaco pour la première fois depuis la pandémie. S.A.S le Prince Albert II a également pris la parole lors d’une session, ainsi que le directeur de la zone Europe de l’Organisation Mondiale de la Santé, le Dr Hans Kluge. 

Le Souverain a notamment rappelé qu’à Monaco, pendant l’épidémie de Covid 19, le Centre Scientifique de Monaco a réalisé en 2021 pour une population de la Principauté de 40000 habitants plus de 100000 tests PCR. « Nous avons aussi suivi avec attention l’évolution des variants viraux en les génotypant et, avec le soutien du Global Virus Network et du professeur Linfa Wang, nous avons été capables de réaliser plus de 20000 tests d’anticorps neutralisants, plus de la moitié de notre population nationale a été testée et informée individuellement de son niveau de protection contre les formes graves de Covid, renforçant ainsi les campagnes de vaccination. Cette politique pro active de dépistage nous a permis d’être à Monaco relativement épargnés par la pandémie et de maintenir une activité économique autant que possible… ». Le Prince a ensuite abordé le changement climatique et le soutien de la Principauté aux actions de l’OMS, se réjouissant de voir autant de scientifiques de haut niveau réunis avant de remercier le Dr Hans Kluge d’intervenir à cette conférence. Ce dernier a notamment insisté sur la nécessité « de mettre en place un système de surveillance fournissant des données de propagation en temps réel […] pour protéger la population ».

D’après le professeur Patrick Rampal, président du CSM,
« les difficultés rencontrées pour répondre à la pandémie ont montré la nécessité d’une coordination entre les États et leurs populations pour offrir une réponse efficace à ce type de crise sanitaire. En Principauté, cette réponse a été assez performante grâce à la coopération entre les acteurs du système de santé : corps médical, hôpital, DASA, CSM… Au Centre Scientifique, nous avons eu recours aux expertises des membres du GVN que préside le docteur Christian Bréchot, ce qui nous a permis de mettre en place des techniques biologiques performantes et ceci dans des délais très brefs ».

Parmi les thématiques examinées lors de la conférence, une place particulière a été accordée à l’intelligence artificielle et à son utilisation pour gérer une pandémie. Il a également été question de la mise en place d’une politique performante pour la Principauté et, plus généralement, des pistes d’action pour les petits États, dont certains étaient présents ou connectés aux sessions de la conférence. En effet, les autorités de veille sanitaire font face à une aggravation du risque de crise dans le monde, avec pas moins de 7000 signaux d’épidémies chaque mois. Les causes d’une telle aggravation sont bien connues : réchauffement climatique favorisant l’émergence de pathogènes autrefois limités aux seules zones tropicales, extension des milieux urbains sur des zones sauvages, exploitations et élevages intensifs et tourisme de masse…

Aux côtés de l’OMS, quelques-uns des plus grands experts mondiaux ont pu souligner l’importance d’une collaboration des systèmes de veille sanitaire européens. L’enjeu est de rapidement détecter et communiquer sur ces agents à potentiel pandémique qui ne connaissent pas de frontières. Que ce soit chez l’homme, dans l’eau, dans l’air, ou chez les moustiques, la mise en place de tels systèmes de surveillance sanitaire représente une mesure clé de la protection des populations. 

Ce symposium a été enfin l’occasion d’identifier les stratégies de veille sanitaire permettant d’étendre la surveillance de ces pathogènes et de leurs mutations chez l’homme et dans l’environnement, afin d’adapter au mieux les traitements notamment en matière de vaccins. Le professeur Linfa Wang, directeur du Programme de Recherche pour la Préparation et la Réponse aux Épidémies (PREPARE) de Singapour a souligné que « la surveillance des agents pathogènes est une question de sécurité nationale. En temps de paix, vous devez tout faire pour préparer la guerre. Singapour est un petit pays, comme Monaco, et nous avons mis en place un système d’échantillonnage des moustiques, de l’eau et de l’air afin d’identifier les agents pathogènes en circulation. »

À l’occasion du symposium, le professeur Patrick Rampal s’est vu remettre l’Award de l’Organisation Mondiale de la Santé par le docteur Piroska Östlin en présence de S.A.S. le Prince Albert II après l’intervention du Dr Kluge. Pour « sa contribution à la santé et au développement durable dans la région européenne de l’OMS », a déclaré celui-ci. « Je tiens à exprimer ma gratitude et mon appréciation pour le travail remarquable du professeur Rampal », a expliqué le directeur de la zone OMS Europe.

Cette conférence s’inscrit dans le cadre de la commémoration du centenaire de la naissance du Prince Rainier III qui a fondé le Centre Scientifique de Monaco en 1960.