Historique du CSM

L'histoire du CSM

La création du Centre Scientifique de Monaco (CSM) en 1960 fut motivée par le désir du Prince Rainier III, Prince de Monaco, de doter la Principauté de Monaco des moyens de mener des recherches scientifiques et de soutenir l'action des organisations gouvernementales et internationales chargées de protéger et conserver la vie marine.
En 1990 une importante restructuration du CSM transfère les activités de surveillance de l’environnement à un service de l’État. L’activité de recherche du CSM devient alors uniquement dédiée à l'étude du fonctionnement des écosystèmes coralliens (tropicaux et méditerranéens) en relation avec les changements climatiques globaux.
En 2010, nouvelle évolution importante, sous l’impulsion de S.A.S. le Prince Souverain Albert II, le CSM devient un véritable Institut de Recherche pluridisciplinaire et intègre une thématique d’Économie de l’Environnement, un département de Biologie Polaire et un département de Biologie Médicale.
 

La création

La recherche scientifique à Monaco est une tradition plus que centenaire. L'élan initial a été donné par le Prince Albert Ier, né il y a 150 ans. Il expliquait son engagement et sa passion de la science en ces termes :
"J'ai pensé que la plus captivante étude pour un travailleur épris de science moderne, avec un esprit indépendant, serait celle qui marquerait l'origine et tracerait la marche de la force vitale à travers les âges de notre planète, ..."
C'est cette même curiosité, cette même volonté de contribuer à la compréhension des grandes interrogations sur la nature, sa diversité et son évolution, ce même goût de la découverte qui animent S.A.S. le Prince Rainier III, Prince Souverain de Monaco, et expliquent sa volonté de créer le Centre Scientifique de Monaco pour doter la Principauté des moyens de mener des observations et des recherches dans les divers domaines de la Science.
Prenant la parole le 16 novembre 1959 lors de l'ouverture de la première Conférence scientifique de l'Agence internationale de l'énergie atomique sur l'élimination des déchets radioactifs, S.A.S. le Prince Rainier III soulignait le fait que cette conférence prolongeait l'œuvre à laquelle Son Aïeul, le Prince Albert Ier"avait consacré Sa vie en choisissant plus particulièrement le domaine scientifique comme terrain d'entente et de paix internationale".
Poursuivant Son exposé, S.A.S. le Prince Rainier III annonçait la mise en place de nouveaux laboratoires et déclarait : "Ainsi, après la fin de cette conférence, la Principauté pourra continuer d'apporter son concours dans la poursuite de son objectif essentiel, la paix, la santé et la prospérité du monde entier".
Le Centre scientifique de Monaco (CSM) reçut alors la mission de développer, en liaison avec les organisations gouvernementales et internationales, des recherches orientées vers la conservation et la protection de la vie marine.
Le CSM mit en place dans le Musée océanographique, un laboratoire de faible radioactivité dirigé par des chercheurs détachés par le Commissariat à l'énergie atomique (C.E.A.). Il prit également en charge l'Observatoire de météorologie créé par le Prince Albert Ier et mit en place un laboratoire de neurobiologie et un laboratoire d'études des pollutions marines.
 

De 1960 à 1990

C'est ainsi que de 1960 à 1990, le CSM surveilla la radioactivité de l'atmosphère et utilisa le carbone radioactif naturel et artificiel comme traceur des grands courants océaniques et comme indicateur de paléontologie.
De même, dans la tradition des études océanographiques et de biologie marine, le CSM a apporté de précieuses contributions à l'évaluation des temps de résidence des eaux profondes en Méditerranée, à l'étude des transferts de polluants et d'organismes dans les détroits de la Méditerranée, à la modélisation de la circulation des eaux côtières, au devenir des polluants bactériens en mer, aux effets des surcharges en éléments nutritifs sur les cycles naturels.
Il a montré, en collaboration avec les laboratoires du CNRS de Marseille, les capacités d'adaptation de l'activité des cellules nerveuses de mollusques marins et a participé activement à la mise au point par le laboratoire d'Océanographie physique du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, de flotteurs suivis par satellites Argos pour étudier les grands courants marins dans l'Atlantique et le Pacifique.

- Publications Historiques du CSM

 

De 1990 à 2010

En 1990, le Laboratoire de Surveillance de la Pollution, l'Observatoire de Météorologie et de Sismologie du CSM furent pris en charge par le Service de l'Environnement du Gouvernement Princier. Ce transfert fut motivé par le haut degré de standardisation atteint par les techniques de surveillance de l'environnement. En particulier, le contrôle de la pollution avait quitté le domaine de la recherche pour entrer dans celui des techniques administratives attachées à la vérification des normes de qualité applicables en matière d'environnement.
La même année, la Principauté de Monaco adhérait à l'Accord Partiel Ouvert en matière de prévention, de protection et d'organisation des secours contre les risques naturels et technologiques majeurs (Accord EUR-OPA). Cet accord, adopté par une résolution du comité des ministres du Conseil de l'Europe, le 20 mars 1987, avait pour objectif principal de dynamiser la coopération entre les états membres, en faisant appel à toutes les ressources et connaissances actuelles, afin d'assurer, face aux risques majeurs, une prévention, une protection et une organisation des secours plus efficaces. L'accord est dit "ouvert" car tout état non membre du Conseil de l'Europe pouvait demander à y adhérer. Au moment de l'adhésion de la Principauté de Monaco à cet accord, huit centres participaient au réseau. Il s'agissait du Centre européen pour la médecine des catastrophes à Saint-Marin, du Centre Universitaire européen pour les biens culturels à Ravello (Italie), du Centre européen pour la prévention et la prévision des tremblements de terre à Athènes (Grèce), du Centre euro-méditerranéen sur la contamination marine accidentelle à La Valette (Malte), du Centre européen de formation sur les désastres naturels à Ankara (Turquie), du Centre européen sur les risques géo- et morphodynamiques de Strasbourg (France), du Centre européen de géodynamique et de sismologie (Luxembourg) et du Centre européen de recherche des techniques d'information du public en situation d'urgence à Madrid (Espagne). Suite à son adhésion à cet Accord, la Principauté de Monaco créait au sein du Centre Scientifique de Monaco, l'Observatoire Océanologique Européen (O.O.E.). Cet Observatoire recevait initialement pour mission de développer des recherches ayant pour objectifs la prévention des risques écologiques majeurs et la régénération des milieux dégradés. L'objectif proposé était alors d'étudier l'effet des modifications climatiques sur les écosystèmes coralliens. Ces derniers avaient été choisis en raison de 

  1. leur rôle majeur dans le cycle global du carbone et du calcium à l'échelle planétaire,
  2. leur sensibilité particulière aux changements climatiques qui se manifestait par le phénomène de blanchissement et qui pouvait constituer un signal précoce d'alerte.
En octobre 2001, les activités liées à l'Accord Partiel Ouvert du Conseil de l'Europe sont passées sous la tutelle du Délégué Permanent de la Principauté de Monaco auprès des Organismes Internationaux et ne concernent plus que les problèmes liés à la sécurité civile.

Afin de développer ces recherches, le CSM s'est doté, tout d'abord, d'une équipe de Physiologie et Biochimie qui a rapidement accueilli des étudiants en thèse de différentes nationalités. En 1993, une équipe d'Écophysiologie était également créée pour développer des recherches pluridisciplinaires de l'écosystème à la molécule. Celles-ci visaient à mieux comprendre les effets des perturbations climatiques sur les écosystèmes coralliens et à mettre au point des méthodes de détection des stress environnementaux. Ces deux équipes partageaient un même thème de recherche, l’étude de la Biominéralisation et la Symbiose, processus biologiques clés au sein des écosystèmes coralliens, de l'échelle moléculaire et cellulaire à l'échelle de l'organisme.
De 1994 à 2001, suite à la prolifération en Méditerranée de l'algue tropicale Caulerpa taxifolia, une équipe d'écologie expérimentale a été créée de façon temporaire à la demande du Gouvernement Princier.
 

De 2011 à aujourd'hui

Aujourd’hui le CSM compte trois départements de recherche et près de 70 personnes.

Le Département de Biologie Marine : Ce département est constitué par les deux équipes « historiques » du CSM travaillant sur les mécanismes biologiques à la base du fonctionnement des écosystèmes coralliens, tropicaux (récifs coralliens) et tempérés (coraux froids, coralligène). Ce département comporte également un axe d’économie environnementale créé en 2010 permettant de définir la sensibilité des populations humaines aux changements climatiques, et plus particulièrement à l’acidification des océans. 

Le Département de Biologie Polaire : Les milieux coralliens ne sont pas les seuls à présenter une sensibilité élevée aux changements climatiques, les milieux polaires leur disputent ce néfaste privilège. Afin d’associer les méthodes et de comparer les réponses entre les écosystèmes récifaux et polaires, le CSM s’est engagé, à travers une convention, dans la création d’un Laboratoire International Associé « Biodiversité et milieux sensibles aux changements climatiques » (LIA 647 « BioSensib »). Ce LIA a associé de 2010 à 2017 les chercheurs de l'Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC) de Strasbourg (UMR 7178 CNRS INEE - Université de Strasbourg) et ceux du CSM. Ce LIA a été remplacé en 2018 par un réseau thématique pluridisciplinaire International (RTPI) qui regroupe l’ensemble des 3 départements du CSM dans une large collaboration avec les équipes de l’IPHC.

Le Département de Biologie Médicale : Créé en 2013 à l’occasion de l’aménagement du CSM dans ses nouveaux locaux au Quai Antoine Ier, ce département fédère des activités de recherche à la fois fondamentales et appliquées pour un partage rapide des données à la pratique clinique en Principauté : deux équipes développent de nouvelles approches de traitements des tumeurs basées sur le métabolisme cellulaire, une troisième équipe installée en octobre 2014, organisée sous la forme d’un Laboratoire International Associé avec l’Université de Versailles Saint-Quentin, développe de nouvelles biothérapies destinées à lutter contre les handicaps neuromusculaires (LIA BAHN) et enfin une quatrième équipe, installée en 2015, étudie le lien étroit entre le système immunitaire et la flore bactérienne des systèmes digestifs.
D’autres axes sont intégrés à des programmes internationaux comme Monacord, un projet d’Eurocord, l’Observatoire International de la Drépanocytose, qui étudie le devenir des patients africains atteints par cette maladie.
En complément de la recherche fondamentale, le CSM lance chaque année le financement d’un nouveau programme initié par l’un des établissements hospitaliers de la Principauté (CHPG-IM2S-CCT), et dûment sélectionné par un comité d’experts internationaux, reposant sur l’idée « qu’il n’y a pas d’excellence médicale sans implication des médecins à la recherche ». Initié en 2008, ce programme a permis de financer vingt projets de recherche clinique. Enfin, la santé environnementale reste un des thèmes de prédilection de ce Département. Récemment récompensé par l’Organisation Mondiale de la Santé, le Pôle Santé Humaine du Département est ainsi devenu un de ces Centres Collaborateurs pour la Santé et le Développement Durable.