Les conclusions du dernier rapport spécial du GIEC présentées à Monaco

Le mardi 24 septembre 2019 après-midi, la 51e session du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC-51) a adopté le Résumé à l'intention des décideurs politiques du Rapport spécial sur l'océan et la cryosphère dans un climat en mutation et a accepté le rapport sous-jacent. Le Dr Nathalie Hilmi, responsable de la section « Economie environnementale » du Centre Scientifique de Monaco, a participé à la réunion de cadrage, puis à la préparation du rapport en tant qu'auteur principal. Pendant deux ans, elle a travaillé à la rédaction de ce rapport spécial sur l' "Océan et la Cryosphère dans le contexte du changement climatique" (Special Report on the Ocean and Cryosphere in a Changing ClimateSROCC).
Le SROCC a été préparé par 104 auteurs (dont 31 femmes) de 36 pays (dont 19 pays en développement ou en transition). Le rapport comprend plus de 6 981 références citées et analysées. Les auteurs ont examiné 31 176 commentaires d’examinateurs et de gouvernements de 80 pays, dont 3 037 dans le projet de texte final du gouvernement. Il a été préparé sous la direction conjointe des groupes de travail (GT) I et II, avec le soutien de l'unité de support technique du GT II.

Le GIEC-51 s'est réuni du 20 au 24 septembre 2019 à Monaco et a rassemblé plus de 400 participants de plus de 114 pays et organisations ayant le statut d'observateur. Bien que la réunion devait initialement se terminer le 23 septembre, elle a duré toute la nuit et s'est terminée après  27 h de discussions non stop le lendemain. La réunion était organisée par le gouvernement de Monaco et la Fondation Prince Albert II de Monaco.

Le dernier rapport spécial du GIEC souligne l’urgence d’une action résolue, rapide, coordonnée et durable afin d’endiguer des changements durables et sans précédent de l’océan et de la cryosphère. Le rapport montre les bénéfices d'une adaptation ambitieuse et efficace au service du développement durable et, inversement, la croissance exponentielle des coûts et les risques d'une action tardive.

L'objectif de ce rapport spécial sur l’océan et la cryosphère est de faire un état des lieux de la connaissance des processus physiques et des impacts du changement climatique sur les écosystèmes océaniques, côtiers, polaires et d'altitude. Il évalue aussi les conséquences sur les communautés humaines, comment les services rendus par ces milieux sont affectés, et les options d’adaptation à ces changements.
La richesse du rapport est de croiser l’expertise de plusieurs groupes de travail du GIEC (bases physiques, impacts, adaptation…), pour en faire de véritables outils d’aide à la décision publique et privée. Le rapport montre comment l’apport des connaissances scientifiques aux savoirs locaux et autochtones facilite l’élaboration d’options appropriées de gestion des risques liés au changement climatique, ainsi que l’amélioration de la résilience des sociétés.
Le rapport contient des messages alarmants. L'océan mondial s'est réchauffé sans relâche depuis 1970 et a absorbé plus de 90% de la chaleur excédentaire du système climatique. Comme l'a déclaré le vice-président du GIEC, Ko Barrett lors de la conférence de presse qui a publié le rapport au public, "L'eau est la pierre angulaire de la planète et les océans et la cryosphère du monde "absorbent la chaleur" du changement climatique depuis des décennies, avec lourdes et graves conséquences pour la nature et l’humanité".
Le rapport souligne l'urgence de donner la priorité aux actions visant à faire face aux changements "sans précédent" et durables dans l'océan et la cryosphère. Cela indique qu'avec un réchauffement supplémentaire, les événements qui se sont produits une fois par siècle se produiront chaque année au milieu du siècle dans de nombreuses régions. Les récents ouragans dans les Caraïbes, par exemple, en témoignent.
Alors que l'élévation du niveau de la mer est actuellement deux fois plus rapide qu'au XXe siècle et s'accélère, le rapport note une augmentation projetée de 30 à 60 cm de plus d'ici 2100, même si les émissions diminuent de manière significative et si la hausse de température est limitée à moins de 2°C. Ce chiffre sera beaucoup plus élevé si les émissions continuent d'augmenter sans relâche. En outre, lorsque les glaciers de montagne se retirent, ils modifient également la disponibilité et la qualité de l'eau.

 


 

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