Publication en Biologie Polaire - Axe Intelligence artificielle

Les vocalisations des oiseaux sont des indices critiques dans les interactions sociales car elles transmettent des informations temporaires qui varient selon le contexte social, par exemple la motivation de l'oiseau face à un rival ou à un partenaire potentiel. Jusqu'à présent, la littérature s'est principalement concentrée sur les oiseaux ayant la capacité d'apprendre leurs chants, dits "oiseaux chanteurs" (en anglais songbirds), les Trochiliformes, les Passeriformes, les Psittaciformes. Ces oiseaux apprennent d'une manière assez semblable à la façon dont les enfants apprennent à parler. Ils doivent mémoriser les sons et les reproduire dans un bon contexte.

Cette étude porte sur des oiseaux avec un répertoire vocal limité, "oiseaux non chanteurs", les pétrels fouisseurs (Procellariidae). Les mâles célibataires communiquent avec leurs congénères à l'aide d'un seul cri émis dans trois situations : en l'absence d'un auditoire précis (cris spontanés), vers les femelles (cris dirigés vers les femelles) et vers les mâles (cris dirigés vers les mâles).

Tandis qu'une grande partie de la littérature disponible sur les variations acoustiques liées au contexte social se concentre sur les oiseaux chanteurs comme les passereaux, les autres oiseaux à répertoire vocal limité ont reçu comparativement peu d'attention, et la compréhension de leur plasticité vocale reste une question ouverte.

Dans ce travail, nous avons étudié les variations dépendantes du contexte chez les oiseaux privés de cette aptitude, en nous concentrant sur deux espèces de pétrels : le pétrel bleu (ou prion bleu, Halobaena caeruleaet le prion Antarctique (ou prion de la désolation, Pachyptila desolata). Nous avons effectué le travail de terrain sur une petite île subantarctique de l'archipel de Kerguelen en utilisant des expériences de playback, et nous avons analysé les réponses vocales en utilisant une combinaison d'analyse acoustique, d'apprentissage automatique supervisé et d'analyse de régression généralisée.

Notre travail montre que des congénères stimulant vocalement un mâle à l'entrée de son terrier induisent des variations temporelles mais aussi des changements de fréquence dans les cris du propriétaire du terrier. Ces variations acoustiques diffèrent selon le sexe du conspécifique et sont donc susceptibles de véhiculer des motivations différentes, telles que la motivation agressive face à un autre mâle et la motivation sexuelle face à une femelle.

Jusqu'à présent, l'expression de la motivation dans les signaux vocaux a été mise en évidence chez très peu d'oiseaux non chanteurs, et c'est la première fois qu'une étude décrit des variations spectrales liées aux motivations des signaleurs chez ces oiseaux. Elle ouvre de nouvelles pistes dans l'évaluation de la plasticité vocale de ces espèces.

 


 


 

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