Rédigée par un consortium de 25 scientifiques, économistes et experts juridiques issus de 17 institutions aux États-Unis et en Europe, dont le Pr. Philip Landrigan et le Dr Hervé Raps du Centre Scientifique de Monaco, cette publication met en évidence le lien entre l’exposition croissante aux produits chimiques synthétiques et l’augmentation alarmante des maladies infantiles. Elle plaide pour une réforme législative urgente afin de mieux protéger les enfants contre ces substances toxiques.
L’article du New England Journal of Medicine met en lumière le lien entre l’exposition aux produits chimiques manufacturés et l’augmentation alarmante des maladies chroniques chez les enfants. Les auteurs soulignent que les maladies non transmissibles – cancers pédiatriques, troubles neurodéveloppementaux, malformations du système reproducteur, asthme et obésité – sont devenues la principale cause de morbidité et de mortalité chez les enfants dans les pays industrialisés. La vulnérabilité particulière des enfants aux agents toxiques est démontrée par des exemples historiques, tels que les tragédies du Thalidomide et du Distilbène, qui illustrent comment des expositions chimiques peuvent avoir des conséquences graves sur le développement des enfants.
Aujourd’hui, plus de 350 000 produits chimiques et plastiques sont répertoriés dans le monde, majoritairement issus des combustibles fossiles, et leur production a été multipliée par 50 depuis 1950, avec une projection de triplement d’ici 2050. Pourtant, moins de 20 % de ces substances font l’objet de tests de toxicité, particulièrement en ce qui concerne leurs effets sur les nourrissons et les enfants. Les cadres réglementaires existants, comme le Toxic Substances Control Act (TSCA) aux États-Unis et le règlement REACH en Europe, reposent sur l’hypothèse que les produits chimiques sont inoffensifs jusqu’à preuve du contraire, laissant l’industrie largement libre de ses productions et minimisant les contrôles préventifs et la surveillance post-commercialisation.
Face à cette situation, l’article appelle à une réforme législative et à une transformation radicale de l’industrie chimique. Il propose d’instaurer un cadre réglementaire exigeant des tests rigoureux avant la commercialisation et une surveillance continue des effets à long terme, en s’appuyant sur le principe d’innocuité prouvée. De plus, il recommande la mise en place d’un système de suivi de l’« empreinte chimique » similaire au bilan carbone, ainsi que l’adoption d’un traité international pour harmoniser les normes de sécurité. En redéfinissant les priorités législatives et en encourageant le développement d’alternatives durables, il est possible de protéger efficacement la santé des enfants et de préserver l’avenir de nos sociétés.
Publication :
The Consortium For Children's Environmental Health (Wirth D.A., Cropper M., Axelrad D.A., Bald C., Bhatnagar A., Birnbaum L.S., Burke T.A., Chiles T.C., Geiser K., Griffin C., Kumar P., Mandrioli D., Park Y., Raps H., Roger A., Smith T.R., States J.C., Straif K., Tickner J.A., Wagner W., Wang Z., Whitman E.M., Woodruff T.J., Yousuf A., Landrigan P.J. Manufactured Chemicals and Children's Health - The Need for New Law. New England Journal of Medicine. 2025 Jan 16;392(3):299-305. doi: 10.1056/NEJMms2409092. Epub 2025 Jan 8.
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Pr Philip Landrigan
Dr Hervé Raps