Publication en Biologie Médicale – Equipe Monacord

Impact du dimorphisme du leader peptide du HLA-B et de l'expression de HLA-A sur les résultats des greffes de cellules souches chez les drépanocytaires
Le cluster humain des antigènes des leucocytes humains (HLA) de classe I se compose de trois loci hautement polymorphes, HLA-A, -B et -C qui ont un rôle pivot dans la réponse immunitaire. Le HLA-B est le gène le plus polymorphe du génome humain, un polymorphisme nucléotidique (SNP), à la position -21 de l’exon 1, c’est-à-dire rs1050458C/T, qui donne lieu à des leader-peptides avec soit une méthionine (M) soit une thréonine (T) à leur deuxième résidu. Les leader-peptides du HLA-B, portant l’acide aminé M ou T, influencent différemment les acteurs cellulaires impliqués dans la rechute, la maladie du greffon contre l’hôte (GVHD) et la survie après greffe de cellules souches hématopoïétiques. Le niveau d'expression du HLA-A, dépendant de l'allèle, influence également les propriétés inhibitrices des cellules NK.
Dans notre étude retrospective, récemment publiée dans le journal « British journal of haematology », nous avons analysé les données HLA de 714 patients atteints de drépanocytose, greffés dans un centre EBMT (Société européenne pour la greffe sang et de moelle osseuse), entre 1988 et 2017, à partir d’un donneur de la fratrie HLA identique (n = 588), d’un donneur non apparenté (n = 67) ou d’un donneur haplo-identique (n = 59), afin de déterminer le rôle de leader peptides du HLA-B et du niveau d’expression du HLA-A sur les résultats des greffes chez les drépanocytaires.
La plupart des patients étaient « TT » (n = 435,61%), tandis qu’une minorité (39%) était « MM » ou « MT » (MM n = 36 ; MT n = 243). Comme le M-HLA-B-leader peptide a des propriétés inhibitrices de cellules NK plus fortes, nous avons comparé les principaux résultats en fonction de la répartition « TT » et « MM+MT » des receveurs.  La survie globale (OS), la survie sans événements (EFS) et  la survie sans rechute et sans GVHD (GRFS) sur 3 ans pour l’ensemble de la population (n = 714) étaient de 94,7 ± 1%, 89,9 ± 1%, 82,6 ± 2%, respectivement. Aucune différence statistiquement significative n’a été observée entre les deux sous-populations « TT » et « MM+MT ».
En outre, nous avons défini le niveau d’expression de HLA-A comme valeur du « z-score »  puis nous avons analysé les patients « MM + MT » et « TT » avec « z-score » positif ou négatif afin d’évaluer l’impact de l’expression HLA-A sur les résultats. Encore une fois, aucune différence significative n’a été notée. Cependant, on a observé une tendance à de meilleurs résultats pour les sujets du groupe « MM+MT » avec une faible expression de HLA-A (z-score négatif) (n = 89), en accord avec des études précédemment publiées.
Les limites de notre étude sont le faible nombre de patients et d’événements cliniques (décès n = 33 ; 5%), probablement lié à la proportion élevée de greffes à partir de donneurs de la fratrie HLA-identiques (82%). D’autres études sur une cohorte plus large, privilégiant les paires patient/donneur non-identiques en HLA-B, sont requises pour confirmer nos résultats et donc fournir des informations supplémentaires aidant les médecins vers le meilleur choix d’approches thérapeutiques adaptées au risque.

 

 


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