Le corail Méditerranéen Oculina patagonica s’observe aussi bien en Méditerranée occidentale (le long des côtes espagnoles, françaises et italiennes) qu’en Méditerranée orientale, le long des côtes israéliennes, par exemple.
O. patagonica a donc un large spectre thermique, car la température de l’eau augmente d’Ouest en Est, avec une moyenne comprise entre 14 et 24°C à l’Ouest et entre 16 et 31°C à l’ Est. Jusqu’à présent, il était abondant majoritairement à faible profondeur, c’est-à-dire dans les premiers 10 m de la couche d’eau. Cela lui permet ainsi d’utiliser les fortes lumières de surface pour augmenter la photosynthèse de ses algues symbiotiques et se nourrir des photosynthétats.
Le réchauffement climatique a cependant augmenté les températures de l’eau de surface de 3°C à l’Est, ce qui correspond maintenant à la limite de la tolérance d’O. patagonica aux chaudes températures. De ce fait, récemment, O. patagonica a été observé jusqu’à 30 m de profondeur, là ou les températures sont inférieures de 2°C par rapport aux eaux de surface. Il semblerait donc que le corail ait migré en profondeur pour éviter le stress thermique subit en été dans les eaux de surface même si, à cette profondeur, la lumière est beaucoup plus faible qu’en surface et la photosynthèse des algues est donc réduite. Dans ce travail, nous avons étudié le type d’adaptation qui a permis à O. patagonica de migrer en profondeur, en mesurant son écologie nutritionnelle et ses caractéristiques physiologiques, à la fois en surface et en profondeur.
Les résultats obtenus n’ont montré aucune différence physiologique entre les colonies de surface et de profondeur. Les deux populations présentent la même écologie nutritionnelle et acquièrent la même proportion de nutriments planctoniques ou photosynthétiques. Cette absence de différence pourrait être due au fait que les Oculina de surface vivent sous de plus faibles lumières en Méditerranée Orientale qu’en Méditerranée Occidentale, et pourraient donc s’acclimater plus rapidement à la profondeur.
Cette étude montre que la Méditerranée subit un fort réchauffement thermique, qui affecte de plus en plus les populations benthiques comme les coraux. Certaines espèces, comme O. patagonica, peuvent apparemment migrer en profondeur et subsister, ce qui n’est pas le cas de toutes les espèces de corail. De futures études permettront de mieux comprendre à quel point la faune Méditerranéenne est impactée par le changement climatique.
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- Dr Stéphane Martinez- Dr Christine Ferrier-Pagès