Dans le cadre du LIA ROPSE qui formalise une collaboration entre le CSM et l’Université Côte d'Azur, le Dr Nathalie Hilmi, responsable de la thématique d'économie environnementale au Centre Scientifique de Monaco, a publié un article issu d’une recherche qu’elle a co-dirigé avec le Professeur Marie-Yasmine Bottein, biologiste à l’Université Cote d’Azur et dont le Dr Hervé Raps, médecin délégué à la recherche au CSM, est aussi co-auteur.
Le méthylmercure (MeHg) est un contaminant omniprésent qui s’accumule dans les réseaux trophiques marins, y compris ceux de la mer Méditerranée. Il présente de graves risques pour la santé, en particulier pour les nourrissons et les enfants en développement, chez qui une exposition peut entraîner des dommages neurologiques et des retards de développement. Outre les préoccupations sanitaires, des niveaux élevés de MeHg dans les produits de la mer peuvent provoquer des pertes économiques en raison des déficits cognitifs qui réduisent la productivité. Bien que les produits de la mer soient un aliment de base dans les pays méditerranéens, l’ampleur réelle des impacts sanitaires et économiques du MeHg reste peu étudiée, notamment avec l’essor du commerce international.
Cette étude vise à : (a) estimer les expositions au MeHg des populations méditerranéennes dues à la consommation de produits de la mer Méditerranée et (b) quantifier les coûts économiques associés à l’ingestion de MeHg. Nous avons évalué les expositions des populations des pays méditerranéens en combinant des données très détaillées sur l’approvisionnement en produits de la mer issues de la base ARTIS (Aquatic Resource Trade in Species), la base de données mondiale sur l’alimentation (Global Dietary Database, GDD) et une revue des niveaux de MeHg dans les produits de la mer Méditerranée. Le coût économique a ensuite été calculé en liant l’ingestion de MeHg aux pertes de productivité dues aux déficits cognitifs.
Nous estimons que les pays méditerranéens subissent chaque année des pertes économiques dépassant les 10 milliards d’euros en raison du déclin de la productivité lié à la baisse du QI, imputable à l’exposition au MeHg provenant de la consommation de produits de la mer issus des différentes zones de pêche de la Méditerranée.
L’originalité de cette recherche réside dans son approche transdisciplinaire de l’évaluation des impacts du MeHg, qui intègre des données très détaillées sur l’approvisionnement en produits de la mer, des enquêtes alimentaires et des revues de la littérature scientifique, afin d’offrir une vision plus réaliste et détaillée des expositions au MeHg et des coûts associés aux maladies liées à la consommation locale de produits de la mer dans les pays méditerranéens.
Ces résultats mettent en lumière un aspect critique de la gestion du MeHg : si le commerce international peut atténuer l’exposition locale en offrant un accès à des produits importés moins contaminés, il exporte simultanément le fardeau de la contamination vers d’autres régions. Cette dualité souligne l’importance d’une coopération mondiale pour garantir la sécurité des produits de la mer et gérer les risques transfrontaliers liés au MeHg.
Publication :
Kennedy J., Calikanzaros E., Landrigan P. J., Badot P-M., Cinar M., Safa A., Schomaker R. M., Lloret J., Raps H., Racault M-F., Hilmi N., Dechraoui Bottein M Y. Methylmercury contamination in Mediterranean seafood: Exposure assessment and cost of illness implications. Science of the Total Environment 958 (2025) 177953
Pour plus de renseignements, veuillez contacter :
Dr Nathalie Hilmi
Dr Hervé Raps