Publication en Biologie Medicale - Equipe Ecosystèmes et Immunité

La récente déclaration de Monaco, qui synthétise les liens entre la santé humaine et celle des océans, inclue dans ses directives le besoin d'augmenter les travaux scientifiques portant sur ces interactions afin de contribuer à une meilleure connaissance, seule capable de permettre le développement de solutions adéquates dans l’urgence. En effet, les changements climatiques, et spécifiquement ceux qui affectent la température de la surface des océans et donc la qualité de l’eau, sont en train d’accroître les risques de santé pour l’homme. Parmi ces risques, certains proviennent de la prolifération d’espèces de bactéries marines pathogènes capables potentiellement de provoquer des pandémies.
Trois espèces de Vibrio marines sont primordialement impliquées dans les problèmes de santé humaine liés à la mer :

  • Vibrio cholerae qui est en ce moment responsable de la 8e pandémie de choléra de notre histoire,
  • Vibrio vulnificus qui provoque des infections nécrotiques sérieuses ou mortelles par septicémie, et
  • Vibrio parahaemolyticus qui représente la première cause de gastroentérite dans le monde par la consommation de produit de la mer contaminés.
     

Afin de mieux comprendre les effets des changements environnementaux, comme l’augmentation de la température et la baisse de la salinité des océans, sur les bactéries marines pathogènes pour l’homme, l’équipe Écosystèmes et Immunité du CSM a initié des recherches à l'interface entre la biologie médicale et la biologie marine utilisant l’anémone de mer comme modèle biologique, et une souche clinique du Vibrio parahaemolyticus comme pathogène.
Le choix de l’anémone est pertinent parce que les Cnidaires ont évolué pendant environ 600 millions d’années et bien que simple dans leur morphologie, s’avèrent posséder un riche répertoire de gènes liés à l’immunité innée. Parmi ces gènes, certains sont conservés dans toutes les espèces animales dont l’homme. D’autres sont communs entre l’homme et le Cnidaire, mais n’ont pas été conservé au cours de l’évolution chez le ver nématode ou la mouche drosophile, qui sont pourtant des modèles de choix pour l’étude de l’immunité. Ce qui laisse à penser que l’anémone a beaucoup de choses à nous apprendre.
Cette première étude de transcriptomique se concentre sur la réponse immunitaire de l’anémone, Exaiptasia pallida, pendant une infection par la bactérie pathogène Vibrio parahaemolyticus, et contribue donc à mieux caractériser le système immunitaire inné des Cnidaires et identifier quels sont les parallèles présents chez l’homme.
Parmi les gènes de l’immunité inné bien connu chez l’humain, la cascade TLR vers NF-kappaB est activement régulée. Cependant, des gènes conservés, et moins bien étudiés à ce jour chez l’homme comme les NOD-like et RIG-I-like récepteurs, font aussi partie de la réponse immunitaire de l’anémone et représentent un vrai potentiel dans l’avancement de nos connaissances. Ces résultats mettent ainsi en avant l’anémone comme modèle animal prometteur.