Chaque année près de 10 millions de tonnes de plastique sont déversés dans les océans. Mais les effets de cette pollution sur les écosystèmes marins, en particulier sur les coraux, sont encore mal connus. Les coraux sont pourtant déjà menacés par le réchauffement climatique, l’acidification et la pollution des océans, les méthodes de pêche destructives ou le tourisme de masse. La pollution plastique se rajoute donc à toutes ces menaces.
Des mesures faites sur des débris collectés sur les plages ont montré que les plastiques de type polystyrène contenaient de fortes concentrations de polluants de type hexabromocyclododecanes (ou HBCDD) et que les plastiques pouvaient relarguer ce polluant assez rapidement dans l’eau. Or, le polystyrène est, avec le polyéthylène, l’un des plastiques industriels les plus courants dans la vie quotidienne, utilisé pour les emballages ou la production de jouets.
Afin de mieux comprendre l’effet des HBCDD sur la physiologie des coraux, nous avons mené des expériences, en collaboration avec des équipes de l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique (AIEA, Monaco), sur l’espèce de corail scléractiniaire Stylophora pistillata. Nous avons utilisé à la fois de l’HBCDD « pur » ou celui relargué par une solution de plastique (et donc mélangé à d’autres composants chimiques). Les résultats ont montré que dans les deux cas, le HBCDD s’accumule de façon significative dans les tissus coralliens. Cependant, seul le HBCDD en solution provoque une rétraction immédiate des polypes dans le squelette ce qui pourrait être une action de protection immédiate du corail. Ces deux effets ont des conséquences majeures sur la survie des coraux : en effet, si les polypes sont retractés, ils ne peuvent plus attraper du plancton pour se nourrir et vont donc lentement mourir de faim.