Henri de Lacaze-Duthiers (1821-1901) est l’exemple même des grands naturalistes du XIXème siècle. Docteur en Médecine, il soutiendra également une thèse ès Sciences. D’abord professeur de Zoologie à la Faculté de Lille, dont le doyen est un certain Louis Pasteur, puis à l'École normale supérieure de Paris, il travaillera par la suite au Muséum National d’Histoire Naturelle et sera à l’origine de deux très importants laboratoires consacrés à la biologie marine : le laboratoire de Roscoff qu’il créera en 1872 et le laboratoire Arago en 1882 à Banyuls-sur-Mer.
Parmi les quelques 250 publications de cet auteur, l’une est emblématique pour nombre de chercheurs du Centre Scientifique de Monaco : son ouvrage, paru en 1864 intitulé « Histoire Naturelle du Corail - Organisation - Reproduction - Pêche en Algérie - Industrie et Commerce ». Ce remarquable ouvrage de 371 pages, est le résultat de ses études réalisées en Algérie à la demande du gouvernement français sur le corail rouge de Méditerranée (Corallium rubrum ; Cnidaria ; Anthozoa ; Octocorallia). Lacaze-Duthiers passa près de deux ans à El Kala en Algérie. Largement ignorée des chercheurs anglophones, car jamais traduite en anglais, l’œuvre de Lacaze-Duthiers est pourtant pionnière. À l’occasion du centenaire de la disparition d'Henri de Lacaze-Duthiers, Daniel Vielzeuf (Aix-Marseille Université), Denis Allemand (CSM), Malcolm Shick (Université du Maine, USA) et Lorenzo Bramanti (Observatoire Océanologique de Banyuls), aidés de Sandrine Bodin et Véronique Arnaud (Bibliothèque du Laboratoire Arago) proposent dans le Numéro spécial de Vie et Milieu – Life and Environment une revue critique des observations de Lacaze-Duthiers sur le corail rouge avec traduction en anglais et citation de nombreux passages choisis, ainsi que la reproduction des vingt planches colorées figurant dans le livre de Lacaze-Duthiers.
Ce long article (64 pages !) est également l'occasion de faire le point sur l'état des connaissances sur le corail rouge en ce qui concerne son anatomie, son cycle de reproduction, le mode de formation de son squelette, la composition chimique de son squelette et l'origine de sa couleur rouge, et enfin son écologie. Ce travail conforte l'idée que les recherches de Lacaze-Duthiers ont non seulement été remarquables en leur temps mais qu’elles restent toujours valides aujourd'hui, et qu'elles peuvent être une source d'inspiration pour les études sur le corail rouge, organisme dont Lacaze-Duthiers disait que " rien n'est si joli et si délicat que ces petits êtres...", et plus largement comme modèle d’étude de la biominéralisation (formation des squelettes minéraux). Ce travail se place dans le cadre de l’Unité de Biologie des Coraux Précieux créée en septembre 2019 en entre le CSM et la Maison CHANEL. Il est dédié à Mme Jacqueline Carpine.
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Prof. Denis Allemand