Un workshop sur la résilience et le lien entre l'océan et le climat

Le Dr Nathalie Hilmi, responsable de la section "économie de l'environnement" au Centre Scientifique de Monaco, a été invitée par l'OCDE et la délégation du Portugal à participer à l'atelier sur le thème "Resillience and the Ocean-Climate Nexus" les 14 et 15 avril.
Pendant ces deux jours de réunion, les intervenants ont discuté du fait que l'océan et le climat sont inextricablement liés, l'océan étant à la fois un important puits de carbone et une source d'émissions à travers divers secteurs économiques basés sur l'océan. Le Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) estime que l'océan mondial s'est réchauffé sans discontinuer depuis 1970 et a absorbé plus de 90 % de l'excès de chaleur atmosphérique. L'incidence des vagues de chaleur marine a doublé et leur intensité augmente. Ce processus d'absorption de la chaleur modifie la chimie de l'océan, entraînant son acidification et une perte d'oxygène.

Les industries océaniques contribuent aux émissions de gaz à effet de serre qui favorisent le changement climatique. Par exemple, le transport maritime international représente environ 2% du total des émissions de dioxyde de carbone (CO2) liées à l'énergie, une proportion qui augmentait rapidement avant la Covid-19. Le changement climatique a également un impact important sur les industries liées aux océans, comme la pêche, et sur les communautés qui en dépendent. Le GIEC prévient que les changements dans la répartition spatiale et l'abondance de certains stocks de poissons devraient avoir des effets négatifs sur les communautés autochtones et locales qui dépendent de la pêche.

L'océan est une ressource économique et sociale essentielle : environ 40 % de la population mondiale, soit quelque 3 milliards de personnes, vit à moins de 100 km de la côte, et beaucoup d'entre elles dépendent de la zone côtière et de l'océan pour leur subsistance. Les produits de la mer fournissent à 3,3 milliards de personnes, 20 % ou plus de leurs apports en protéines. Une analyse antérieure de l'OCDE prévoyait une accélération marquée de toute une série d'activités économiques liées à l'océan d'ici 2030. Compte tenu de cette croissance, on s'attend à ce que les principales pressions exercées sur le milieu marin augmentent. Les expériences nationales en matière de planification de l'espace maritime peuvent jouer un rôle à cet égard.

Plusieurs points de basculement climatique potentiels présentent un intérêt direct pour l'océan. Les points de basculement sont des seuils à partir desquels une petite variation peut entraîner un changement irréversible et parfois rapide du système, dont certains pourraient être déclenchés par un réchauffement de moins de 2°C. Il s'agit notamment de la disparition brutale des calottes glaciaires et de la perte de biodiversité. Ainsi, la perte incontrôlée des calottes glaciaires accélère l'élévation du niveau de la mer et désactive le système de circulation océanique. Ces points de basculement peuvent former une cascade, chacun d'entre eux en déclenchant d'autres, créant un changement irréversible vers un monde plus chaud et ayant des implications clés pour l'économie mondiale.

L'attention et la recherche sur ce lien entre le climat et l'océan se sont accrues ces dernières années, notamment avec la COP25 "bleue" du Chili en 2019 (accueillie en Espagne), le rapport spécial 2019 du GIEC sur l'océan et la cryosphère (SROCC), les documents du Groupe de haut niveau sur une économie océanique durable (High-Level Panel on a Sustainable Ocean Economy - HLP) sur 'L'océan comme solution au changement climatique' et 'Les impacts attendus du changement climatique sur l'économie océanique'.

Des recherches supplémentaires par la communauté politique mondiale sont nécessaires pour mieux informer ce lien et élargir encore le public averti aux décideurs de l'OCDE. Sur la base de ses propres recherches sur l'économie bleue et la finance bleue, et de son rôle d'auteur principal dans le SROCC du GIEC, le Dr Hilmi a présenté les possibilités offertes par les secteurs océaniques émergents pour diversifier l'économie et ainsi renforcer la résilience, ainsi que les progrès réalisés à ce jour en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant du transport maritime et d'autres secteurs clés de l'économie océanique au niveau international.
 


 



 

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