La protection et la restauration des écosystèmes marins tropicaux sont d'une grande importance pour la société, car leur déclin nuit aux services vitaux qu'ils fournissent, tels que la protection des côtes, l'approvisionnement en produits de la mer mais aussi leur capacité de stockage du carbone produit en excés par les activités humaines. Le Dr Nathalie Hilmi, responsable de la thématique d'Économie environnementale du Centre Scientifique de Monaco vient de publier une important article de synthèse sur ce sujet intitulé « Carbone bleu tropical : solutions et perspectives pour l'évaluation de la séquestration du carbone » avec le Pr Denis Allemand et le Dr Christine Ferrier-Pagès. Cet article, publié dans la revue Frontiers in Climate résulte des travaux d'un workshop que le Dr Hilmi avait organisé en octobre 2021 avec le soutien de l’AIEA (Agence Internationale de l'Énergie Atomique) et de la FPA2 (Fondation Prince Albert II de Monaco).
Les écosystèmes marins tropicaux fournissent en effet un large éventail de services d'approvisionnement, de régulation, de soutien et de culture à des millions de personnes. Ils contribuent aussi largement au piégeage du carbone bleu. Les mangroves, les algues et les herbiers marins sont importants parce qu'ils stockent de grandes quantités de carbone organique, tandis que les poissons jouent un rôle fondamental dans le transport du carbone vers les eaux profondes.
Dans cet article, nous présentons des options pour améliorer la séquestration du carbone bleu dans les zones côtières tropicales. En outre, nous soulignons la valeur économique de quatre composantes des écosystèmes côtiers (mangroves, herbiers marins, forêts d'algues et poissons) et discutons des leviers économiques que la société peut appliquer pour garantir la fin de la mauvaise gestion actuelle des écosystèmes tropicaux à carbone bleu. Les solutions basées sur le marché, telles que les taxes sur le carbone ou les amendes en cas d'infraction selon le principe du "pollueur-payeur", peuvent s'avérer très efficaces pour parvenir à des accords nationaux ou internationaux sur le climat. L'investissement privé peut également financer la préservation des écosystèmes à carbone bleu. Une méthode de financement largement connue pour la conservation du carbone bleu, en particulier des mangroves, est l'utilisation d'obligations municipales, qui peuvent être émises comme des obligations traditionnelles pour financer les obligations quotidiennes des villes, des États et des comtés. Des investissements non philanthropiques peuvent également être utilisés pour protéger ces écosystèmes, tels que les échanges dette-nature et l'amélioration de l'application des cadres réglementaires.
Dans l'ensemble, la protection des écosystèmes marins tropicaux est un impératif écologique et devrait également être considérée comme une opportunité de nouvelles sources de revenus et de réduction de la dette pour les pays du monde entier.
Publication :
Hilmi N., Benitez Carranco M.B., Broussard D., Mathew M., Djoundourian S., Cassotta S., Safa A., Maliki S., Descroix-Comanducci F., Allemand D., Berthomieu C., Hall-Spencer J.M., Ferrier-Pagès C. Tropical blue carbon: solutions and perspectives for valuations of carbon sequestration. Front. Clim. 5:1169663. doi: 10.3389/fclim.2023.1169663
Pour plus de renseignements, veuillez contacter :
Dr Nathalie Hilmi
Dr Christine Ferrier-Pagès
Pr Denis Allemand