Effet Warburg et plasticité tumorale
Parmi les très nombreuses publications scientifiques issues des travaux des équipes de recherche du CSM – plus de 80 en 2017 –, puisons ce mois-ci dans les publications récentes du département de biologie médicale. Ce département héberge cinq équipes de recherche. Notre choix du mois concerne l’équipe « Hypoxie tumorale et métabolisme », dirigée par le Dr Jacques Pouysségur, directeur de recherche émérite au CNRS et membre de l’Académie des Sciences.
Les chercheurs tentent d’utiliser le métabolisme particulier des cellules tumorales comme cible thérapeutique.
En collaboration avec des équipes niçoises et une équipe brésilienne, ils viennent de publier dans la revue Oncotarget, un journal de cancérologie de très haut niveau, un article qui bat en brèche certaines hypothèses majeures. Voyons de quoi il s’agit.
Le fonctionnement des cellules tumorales Nos cellules, comme toutes les cellules vivantes, tirent leur énergie de l’utilisation des sucres. La quantité d’énergie produite par unité de sucre est beaucoup plus importante en présence d’oxygène (+O2, on parle de respiration cellulaire) qu’en son absence (on parle alors de fermentation lactique, car ce métabolisme produit de l’acide lactique – dont l’accumulation dans nos muscles crée les crampes). Dans les années 1930, le physiologiste allemand, prix Nobel de médecine, Otto Heinrich Warburg, observe que les cellules tumorales ne suivent pas la même règle et transforment préférentiellement le sucre en acide lactique et ceci même en présence d’oxygène. Pour compenser la faible production d’énergie, les cellules cancéreuses deviennent alors « accro » au sucre qu’elles dévorent pour proliférer.
Cette particularité des cellules tumorales, appelée depuis « effet Warburg », est utilisée à la fois comme outil diagnostic des tumeurs (des cellules avides de glucose sont des cellules cancéreuses) et comme cible thérapeutique.
Professeur Denis Allemand
Directeur scientifique du Centre Scientifique de Monaco