Le manchot royal menacé par le réchauffement planétaire
Nous nous sommes intéressés dans nos deux dernières chroniques à des travaux du département de biologie marine du CSM, ce mois-ci revenons sur la publication d’un article par le département de biologie polaire dans le numéro du 26 février 2018 de la célèbre revue Nature Climate Change. C’est en utilisant les informations enfouies dans le génome du Manchot royal que l’équipe internationale pilotée par Céline Le Bohec, chargée de recherche au sein du Laboratoire International Associé BioSensib CSM-CNRS-Université de Strasbourg (Monaco/France), et Emiliano Trucchi de l’Université de Ferrara (Italie), a pu reconstituer les changements démographiques qui ont affecté cette espèce au cours des cinquante derniers millénaires.
Lorsque les conditions climatiques changent, les organismes ont deux possibilités pour ne pas disparaître : soit ils s’adaptent aux nouvelles conditions environnementales, soit ils migrent vers d’autres lieux plus favorables. Par le fait que les manchots royaux, contrairement à leurs cousins les manchots empereurs, nidifient sur la terre ferme, et non sur la banquise, on pensait qu’ils étaient protégés de la fonte des glaces. Il n’en est rien ! En effet, l’étude menée par le CSM et ses collaborateurs internationaux donne une image beaucoup plus pessimiste de l’avenir de cette espèce. En séquençant le génome de 163 manchots issus de 13 colonies circumpolaires différentes, les chercheurs ont pu reconstituer la démographie passée du manchot royal. Ainsi, les populations de manchots ont toujours fluctué au cours du temps du fait d’aléas climatiques : l’espèce a failli disparaître il y a 50 000 ans, puis, de nouveau, il y a 20 000 ans lors du dernier maximum glaciaire.
Professeur Denis Allemand
Directeur scientifique du Centre Scientifique de Monaco