Contribution du Dr Nathalie Hilmi au nouveau rapport du MedECC sur les risques côtiers en Méditerranée

Le Dr Nathalie Hilmi, responsable de la section économie environnementale au Centre Scientifique de Monaco, a participé au rapport spécial du MedECC (Mediterranean Experts on Climate and Environmental Change) sur les risques climatiques et environnementaux côtiers en Méditerranée, en tant qu’auteure principale et coordinatrice du Chapitre 3 intitulé « Impacts et Risques ». Le rapport offre une analyse détaillée des fragilités des zones côtières méditerranéennes face aux pressions croissantes du changement climatique et à des déséquilibres socio-économiques marqués.

La Méditerranée est la première destination touristique mondiale, attirant un tiers des visiteurs internationaux, et où plus de la moitié des infrastructures touristiques de l’Union européenne sont situées en zone côtière. Ainsi, d’ici la fin du siècle, une hausse d’un mètre du niveau de la mer pourrait endommager des infrastructures essentielles telles que les ports, et forcer jusqu’à 20 millions de personnes à se déplacer. Le tourisme balnéaire, quant à lui est principalement vulnérable aux vagues de chaleur, aux invasions de méduses et à la réduction progressive des plages.

L’agriculture côtière est également sous pression dans des régions comme les deltas du Nil, de l’Èbre ou du Pô, avec la perte de terres arables et la salinisation.  En effet, l'élévation du niveau de la mer et l'intrusion saline altèrent les systèmes d’aquaculture d'eau douce, réduisant la survie des espèces. Quant aux pêches, elles subissent les effets du réchauffement climatique et sont affectées par l’arrivée d’espèces invasives, en raison du commerce fluvial et de la construction de canaux. Cela réduit les stocks disponibles, où ce problème se superpose aux effets de la pêche intensive et de la surexploitation, impactant la sécurité alimentaire en Méditerranée. Selon le rapport du MedECC, si les tendances actuelles se poursuivent, la hausse des températures pourrait atteindre +2,9 °C d’ici 2050 en Méditerranée, aggravant la sécheresse sur terre et les vagues de chaleur en mer, dont la fréquence a augmenté de 40 % au cours des deux dernières décennies, impactant gravement les écosystèmes marins. De plus, l’acidification des eaux, avec une diminution du pH de 0,1 unité jusqu’à présent, pourrait s’aggraver de 0,6 unité d’ici la fin du siècle, compromettant la biodiversité marine et les services écosystémiques essentiels. En effet, l’aquaculture est exposée aux défis liés à l'acidification des océans, qui favorise la prolifération d'algues nuisibles, de pathogènes et de résistances antimicrobiennes, augmentant les coûts de traitement des eaux et des soins.

Ainsi, les secteurs socio-économiques clés de la Méditerranée sont affectés par les perturbations climatiques et reposent encore principalement sur des modèles extractifs, limitant leur adoption de pratiques circulaires et durables. Ce nouveau rapport du MedECC propose donc des recommandations stratégiques pour une gestion intégrée des zones côtières, combinant adaptation locale et coopération régionale. De ce fait, pour renforcer la résilience des communautés côtières, la décarbonisation des économies est essentielle pour réduire les émissions de carbone : l’émergence de carburants alternatifs, comme les biocarburants, les carburants synthétiques, l’hydrogène et les batteries, offrent des opportunités pour un transport maritime plus durable. De même, pour atteindre les objectifs de développement durable des Nations Unies, l’écotourisme peut être soutenu par des outils tels que des taxes vertes et des labels écologiques. Enfin, le rapport propose d’autres solutions comprenant également une diminution des impacts négatifs des croisières touristiques sur la qualité de l’air, grâce à l’électrification des ports, et avec des politiques visant à limiter les émissions de polluants. Ce rapport s’appuie sur plus de 1000 publications scientifiques et représente un effort collectif pour guider les décideurs politiques et les acteurs locaux. En identifiant les risques et en proposant des solutions concrètes, le rapport souligne l’urgence d’agir pour protéger les écosystèmes méditerranéens tout en assurant un développement socio-économique équitable et durable.


Pour en savoir plus, le rapport complet est disponible sur le site officiel du MedECC.
 


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Dr Nathalie Hilmi