Publication en Biologie Marine - Equipe de Physiologie

Le vieillissement expliqué par le corail

Si les plantes peuvent vivre plusieurs siècles, voire plusieurs milliers d’années pour certains arbres, les animaux ont une longévité beaucoup plus courte, quelques dizaines d’années à une centaine d’années pour certains requins (400 ans) ou tortues (250 ans). Les Cnidaires sont une exception parmi les animaux puisque le plus vieux Cnidaire serait un Antipathaire des grands fonds dont l’âge est estimé à 4265 ans, mais certaines méduses (Turritopsis nutricula) semblent même être immortelles.
Parmi les hypothèses expliquant la sénescence, le stress oxydant est souvent mis en avant. Les radicaux libres issus de ce stress oxydant provoqueraient un arrêt de la prolifération des cellules qui deviennent alors sénescentes. Avec l’âge, l’accumulation de cellules sénescentes chez les individus favoriserait le vieillissement de l’organisme accompagné du développement d'un large éventail de maladies.
Parmi les Cnidaires, les coraux récifaux symbiotiques montrent déjà une longévité extraordinaire de plusieurs centaines d’années. Ils subissent pourtant quotidiennement de fortes augmentations de la concentration en oxygène dans leurs tissus et donc une forte production de radicaux libres. En effet les algues symbiotiques qui vivent à l’intérieur des cellules réalisent à la lumière la photosynthèse qui permet au corail de se nourrir mais qui, en même temps, produit de grandes quantités d’oxygène.
L’équipe de Physiologie du CSM, en collaboration avec l’équipe du Pr Éric Gilson de l’IRCAN (Institut de recherche sur le cancer et le vieillissement de Nice) et les Laboratoires de Cosmétologie Clarins, a émis l'hypothèse que les coraux ont développé des stratégies de longévité spécifiques en réponse au stress oxydant observé à la lumière. L’approche a consisté en une analyse de la réponse moléculaire du corail Stylophora pistillata au cours du cycle jour-nuit et a permis de révéler une signature spécifique d’une voie de longévité. Deux gènes coralliens semblent ainsi jouer un rôle anti-sénescent.
Afin de confirmer le rôle de ces deux gènes, ils ont été introduits par des méthodes de biotechnologie dans des cellules humaines en culture : une augmentation de la durée de vie des cellules humaines a alors été constatée. Ces gènes sont donc potentiellement des candidats intéressants pour contrer le vieillissement cellulaire. Cette étude pionnière ouvre la voie à de futures expériences sur les processus qui favoriseraient un vieillissement sain chez l’homme.

 

 

 

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