Le corail méditerranéen Cladocora caespitosa résistant à l’eutrophisation
Les coraux tropicaux, constructeurs de récifs, vivent en général dans des eaux très pauvres en sels nutritifs, c’est à dire des eaux qui contiennent très peu d’azote (nitrates par exemple), de phosphore (phosphates), et autres macro-et microéléments. Le plancton est également rare. Les coraux réussissent cependant à se nourrir grâce à la symbiose qu’ils développent avec des algues contenues à l’intérieur de leurs tissus. Ces algues, via la photosynthèse, tirent partie du peu de sels nutritifs dans l’eau pour les convertir en molécules nutritives.
Cette symbiose repose cependant sur un équilibre fragile entre le corail et ses algues. L’équilibre est notamment rompu dans les milieux côtiers pollués par les nitrates et phosphates, qui proviennent des rejets urbains (lessives), ou agricoles. C’est ce que l’on appelle l’eutrophisation. Dans ces cas, les algues profitent des sels nutritifs en abondance dans le milieu pour se développer anarchiquement et ne jouent plus leur rôle d’agents nutritifs pour le corail. Celui-ci à du mal à se développer correctement, notamment lors d’un réchauffement anormal de l’eau en été, dû au réchauffement climatique.
Au contraire des coraux tropicaux, les coraux méditerranéens vivent dans des milieux naturellement plus riches en sels nutritifs, car les côtes de la Méditerranée sont très urbanisées et beaucoup plus cultivées que les régions tropicales. Il n’est donc pas rare d’observer par exemple de nombreuses colonies du corail méditerranéen Cladocora caespitosa près des côtes recevant des effluents urbains, dans des ports, ou à proximité de fermes aquacoles qui enrichissent l’eau en azote et phosphore, via la nourriture des poissons. Dans cette expérience, nous avons prélevé des colonies de C. caespitosa dans deux milieux différents : un milieu pauvre en sels nutritifs, et un milieu enrichi, se trouvant à proximité d’une ferme aquacole. Nous avons testé l’effet d’un enrichissement en sels nutritifs sur la capacité des coraux à supporter une augmentation de température. Les résultats obtenus montrent que la réponse physiologique des colonies coralliennes est identique dans les deux milieux nutritifs, et donc que ce corail tempéré s’est adapté à l’eutrophisation. Des expériences futures permettront de connaître les mécanismes développés par ce corail pour combattre l’eutrophisation.